Chapitre 1 : Le Passage

Le soleil était tombé depuis longtemps derrière l’horizon gelé, et seul le crépitement distant d’une aurore boréale brisait l’obscurité oppressante. Les plaines enneigées de Belgique, autrefois verdoyantes et fertiles, étaient maintenant transformées en un désert glacé, hostile à toute forme de vie. Les bâtiments en ruines se dressaient tels des spectres oubliés, figés dans le silence de l’hiver éternel. C’est dans ce monde moribond que vous avez guidé les derniers survivants, un groupe hétéroclite d’hommes, de femmes et d’enfants, vers l’inconnu.

Depuis des jours, vous marchez, luttant contre le froid mordant et les bourrasques violentes qui menacent de disperser votre groupe à chaque instant. Le vent souffle si fort que parler est devenu inutile ; chacun concentre ses forces sur la simple tâche de mettre un pied devant l’autre. Vous êtes leur leader, et même si le désespoir s’insinue dans les cœurs, c’est votre détermination inébranlable qui leur donne encore la force d’avancer.

Le froid n’est pas votre seul ennemi. La faim est un autre fléau qui grignote les esprits et affaiblit les corps. Vos provisions s’amenuisent, et les quelques animaux que vous avez croisés étaient déjà des carcasses gelées, figées en statues de glace par le froid impitoyable. Vous savez que chaque jour passé sans trouver de nourriture réduit les chances de survie de votre groupe.

C’est alors que, à travers le voile de neige et de glace, une silhouette imposante commence à se dessiner. Un mur rocheux, d’une hauteur impressionnante, s’élève à l’horizon. Vos cartes, aussi anciennes soient-elles, confirment ce que vous espériez : vous approchez enfin du cratère, cette légende murmurée par les derniers anciens, un refuge potentiel au cœur d’un enfer gelé. L’idée d’un abri où la chaleur pourrait encore exister donne un second souffle à votre groupe. Les murmures d’espoir parcourent les rangs tandis que les silhouettes se redressent, accélérant le pas malgré l’épuisement.

Le chemin vers le cratère est ardu. Les montagnes se dressent comme des gardiens sévères, et le passage est étroit, traîtreux, semé de crevasses et de glaciers. Vous devez prendre des décisions difficiles : laisser derrière les traîneaux les plus lourds, abandonner le peu de biens matériels que certains tentaient encore de préserver. Chaque perte pèse lourdement sur le moral, mais la nécessité de survivre ne laisse aucune place aux regrets.

Au fil des jours, vous sentez la tension croître. Les plus jeunes commencent à faiblir, les plus âgés toussent de manière inquiétante, et certains vous regardent avec une lueur de défiance dans les yeux. Ils se demandent si vous savez vraiment où vous les menez, si le cratère est bien réel, ou si vous les guidez tous à une mort certaine. Un matin, une tempête particulièrement violente s’abat sur vous. Le vent hurle, la neige fouette vos visages, et vous êtes forcés de vous abriter dans une caverne de fortune, entassés les uns contre les autres pour conserver un semblant de chaleur. C’est là que les premiers doutes sont exprimés à voix haute.

« Nous ne survivrons pas à une autre tempête comme celle-ci. » dit un homme à la voix rauque. « Combien de temps encore avant que nous ne soyons tous congelés ici, enterrés sous la neige ? »

Vous ressentez le poids de chaque regard posé sur vous, des regards emplis de peur, de colère, et de désespoir. C’est dans ces moments que le fardeau du leadership se fait le plus lourd. Mais vous savez que montrer le moindre signe de doute serait un désastre. Vous rassemblez vos forces, inspirez profondément et vous adressez à eux avec une voix qui se veut ferme et rassurante.

« Le cratère est proche. Nous ne faisons pas ce chemin pour rien. Ce sera dur, oui, mais nous avons déjà surmonté bien pire. Je vous promets que si nous continuons à avancer, nous trouverons la chaleur et la sécurité. Ensemble, nous pouvons y arriver. »

Les mots semblent apaiser les esprits, et même si le doute persiste, personne n’ose remettre en question votre autorité pour l’instant. Le groupe se resserre autour de vous, puisant dans cette détermination que vous montrez. L’heure est à la survie, à la solidarité. C’est ce lien fragile qui vous permet de surmonter les dernières épreuves qui vous séparent du cratère.

Enfin, après des jours de marche éprouvante, vous franchissez le dernier col. Le cratère s’ouvre devant vous, immense, protégé par des falaises de roches noires et escarpées. À son centre, une structure colossale se dresse, émergeant de la neige et de la glace : un générateur, vestige d’une ancienne civilisation, dont la silhouette imposante inspire à la fois crainte et espoir.

Le silence est total, mais il n’est plus oppressant ; il est porteur de promesses. Vous sentez une bouffée de chaleur émaner faiblement de la structure, confirmant que ce n’est pas un mirage. Le cratère est réel, et avec lui, la possibilité d’un avenir pour votre peuple. C’est ici que tout commence, le début d’un nouveau chapitre où chaque décision que vous prendrez sera cruciale pour la survie de votre communauté.

Mais pour l’heure, alors que vous contemplez ce sanctuaire au milieu du désert glacé, vous ne pouvez vous permettre de penser à l’avenir qu’une fois le premier feu allumé. Le générateur doit être réactivé, la ville doit être construite, et surtout, vous devez donner à votre peuple une raison de croire que cet endroit sera différent des ruines laissées derrière vous.

Le passage est terminé, mais la véritable épreuve ne fait que commencer.

Étiquettes :

Les commentaires sont fermés.